Pour bien produire des canetons, chaque geste compte et le ramassage des œufs n’échappe pas à cette règle. Bien plus qu’une simple collecte, il s’agit d’une étape cruciale qui influe directement sur la qualité des œufs, leur incubation et la qualité des canetons commercialisés.
Adopter les bonnes pratiques techniques permet non seulement de préserver l’intégrité de la coquille, mais aussi de garantir la fraîcheur et la sécurité sanitaire du produit final.
Pour obtenir un caneton viable, plusieurs critères doivent être réunis par l’œuf tant sur le plan physique que sanitaire. Au préalable, considérons que l’œuf doit être issu d’une cane en bonne santé et vaccinée pour transmettre les anticorps aux canetons (la prophylaxie vaccinale doit être adaptée aux pathologies locales).
Dans cet article dans un premier temps une description des qualités de l’œufs sera traitée afin que le lecteur soit sensibilisé à ses actions lors de la collecte. Dans un second temps, il sera justement question de la collecte et du stockage des œufs dans les élevages.

1 – Qu’est ce qui définit la qualité de la coquille de l’œuf ?
Chez la cane Pékin, la qualité physique des œufs destinés à l’incubation est primordiale pour assurer un bon taux d’éclosion et une bonne viabilité des canetons. Voici les principaux critères à prendre en compte pour trier les œufs dès la collecte dans l’élevage.
Qualité physique de l’œuf
L’œuf doit avoir une forme et une taille homogènes ainsi qu’un poids minimal
- L’œuf doit être ovale, sans excès de rondeur ni de pointe trop marquée.
- Des dimensions régulières (poids moyen entre 80 et 94 g selon la lignée) permettent un développement embryonnaire équilibré. Le poids du caneton est directement lié au poids de l’œuf.
- Le poids des œufs étant évolutif au cours de la ponte, il est important de surveiller le poids moyen de ces derniers hebdomadairement ; S’il y a des pertes de poids d’œufs, cela révèle soit des soucis techniques dans le management du lot soit un aliment non adapté, soit un événement pathologique. Peser les œufs permet aussi d’adapter la formule alimentaire au besoin nutritionnel des canes. En effet, plus la cane vieillie plus les œufs sont lourds. Or dépassés un certain stade, les gros œufs ont des coquilles fragiles et deviennent plus délicats à incuber. Généralement dans ce cas de figure, on apporte un aliment limitant la prise de poids d’œufs et correspondant aux besoins de calcium du moment.
La coquille
La coquille doit être saine solide et de bonne qualité
- Elle doit avoir une épaisseur suffisante (environ 0,3 à 0,4 mm) pour éviter les pertes d’humidité excessives ou les contaminations microbiennes.
- Sa surface doit être lisse, propre, sans fissures ni aspérités.
- La porosité maîtrisée : trop de pores favorisent les pertes d’eau, trop peu entravent les échanges gazeux.
- La qualité de la coquille se joue dès la phase d’élevage ; lors de cette période, il est important d’apporter les éléments nutritifs nécessaires au bon développement de l’os médullaire. Ce dernier étant l’organe de stockage et de libération du calcium pour chaque œuf pondu.
Composition interne de l’œuf
- Le jaune doit être intègre (centré, non mobile). On doit veiller à l’absence de tâches sanguines, de doubles jaunes ou de lignes de calcification.
- La chambre à air doit être bien formée et stable et les chalazes bien solides.

2 – La collecte des œufs : un maillon essentiel
Préparation des nids et des conditions environnementales
Afin de préserver les qualités de l’œuf citées ci-dessus, il est important d’apporter le plus grand soin au nid et à la collecte des œufs.
- Les œufs au moment de la ponte doivent être pondus dans une litière de nids propre, sèche exempte de matière fécale et de moisissures.
- Les nids sont régulièrement paillés et entretenus.
- L’ambiance du bâtiment d’élevage doit être maîtrisée au niveau des critères suivants. La température, la ventilation et l’humidité sont contrôlées pour limiter les contaminations microbiennes dans les nids.
Bonnes pratiques de ramassage
- La fréquence du ramassage des œufs peut se faire de 3 à 5 fois par jour pour éviter la stagnation en zone chaude et humide des œufs.
- Toujours manipuler les œufs avec des mains propres ou des gants.
- Il convient d’éviter les chocs, secousses ou roulements excessifs qui pourraient endommager les membranes internes, déplacer le jaune et ou briser les chalazes.
- Tout œuf trop sale ou cassé, à double jaune ou trop petit doit être écarté du lot d’incubation.
- Les coquilles doivent être sans salissure fécale, plume ou débris organique.
- Il est important d’éviter le lavage à l’eau : en cas d’encrassement ; utiliser un système de nettoyage à sec.
- Afin de ne pas déstabiliser la cellule germinative, on veille à ne jamais faire tourner l’œuf sur lui-même en le nettoyant.
Les œufs sont identifiés selon la date de ponte et la référence du parquet de reproducteurs.

3 – Le stockage des œufs
Les conditions de conservation idéales à l’élevage doivent se faire dans un local climatisé pour assurer une température et une hygrométrie régulière quel que soit la saison (température entre 12–16 °C, humidité relative autour de 75 %). Ces dernières garantissent un démarrage optimal de l’incubation.
Les œufs sont stockés sur des alvéoles ou des grilles pointes en bas (chambre à air en haut).
Il faut éviter autant que possible les chocs thermiques et mécaniques.
La durée de conservation idéale est de moins de 7 jours ; au-delà, la viabilité embryonnaire décline.
En somme, la réussite de l’éclosion chez la cane Pékin repose sur une maîtrise rigoureuse de tous les paramètres liés à l’œuf, depuis sa formation jusqu’à son stockage. Chaque maillon de cette chaîne influence directement le potentiel de développement du futur caneton. Ainsi, une attention minutieuse portée à chaque étape du processus permet non seulement d’optimiser les taux d’éclosion, mais aussi de garantir la santé et la vigueur des jeunes animaux.
