Comment fonctionne la sélection animale ? Quels leviers utiliser pour que la sélection soit efficace ? Peut-on sélectionner n’importe quel caractère ?
Cet article a pour objectif de tenter de répondre à ces questions de manière abordable, afin que chacun puisse mieux comprendre les principes de la sélection.
Tout d’abord qu’appelle-t ’on la sélection animale ? Tout le monde a plus ou moins entendu parler de Darwin et de la sélection naturelle qui permet aux espèces d’évoluer en s’adaptant à leur environnement. Pour les filières animales, la sélection cette fois-ci est orientée, de manière à adapter les espèces à leur milieu d’élevage et aux attendus de performances des marchés. Il ne s’agit donc pas, comme beaucoup l’imaginent, d’intervenir directement au niveau de l’ADN par des manipulations génétiques, mais uniquement de sélectionner, sur la base de leurs performances en conditions données, les meilleurs animaux pour produire la génération suivante.
Quelles données sont nécessaires à la sélection ? Le modèle classique de sélection optimisée nécessite de connaître à la fois la généalogie de chaque individu et ses performances. Le sélectionneur doit donc mettre en œuvre une traçabilité précise des origines familiales de chaque animal, autrement dit connaître ses parents et ancêtres, ainsi que ses frères et sœurs, et descendants. Tous ces sujets doivent de plus être mesurés individuellement. Une fois toutes ces données obtenues, des équations mathématiques sont utilisées pour calculer les valeurs génétiques de chaque individu. Ces valeurs génétiques permettent ensuite de classer les animaux et ainsi choisir les meilleurs. Les valeurs génétiques permettent de prendre en compte non seulement les propres performances de chaque animal mais également celles de toute sa famille, ce qui permet d’estimer plus précisément leur potentiel améliorateur. Ce processus s’appelle l’indexation.

ENSEMBLE DES INDIVIDUS ÉVALUÉS = BASE DE SÉLECTION
Maintenant que nous savons comment fonctionne la sélection, intéressons nous aux différentes manières d’accroître son efficacité. Pour cela, le mieux est de se pencher sur l’équation du progrès génétique annuel et de s’intéresser à ses différentes composantes :

Au numérateur, on retrouve :
- L’intensité de sélection (i) : elle est directement liée à la proportion de sujets améliorateurs retenus à chaque génération.
- La précision de l’estimation (ρ) : on ne pourra pas classer correctement les individus si la mesure de leurs performances n’est pas précise.
- La variabilité des caractères (σA) : cette composante du progrès génétique dépend beaucoup du caractère mesuré (poids vif, rendement, autre) et également des populations considérées. Plus les individus seront différents, plus facile sera la sélection des meilleurs. En revanche, il est à noter que c’est le seul critère sur lequel le sélectionneur ne peut intervenir.
Et au dénominateur se trouve l’intervalle entre deux générations (T). Plus vite les populations sélectionnées se reproduiront, plus rapide sera le progrès.
On en déduit plusieurs leviers permettant une bonne efficacité de sélection :
- Élever beaucoup de sujets pour garder un nombre réduit de reproducteurs.
- Utiliser les appareils et technologies permettant la mesure de performance la plus précise possible.
- Conserver une bonne variabilité de la population en prenant garde à conserver un maximum de familles.
- Produire la génération suivante dès que possible.
Tous ces éléments permettent de comprendre que la sélection sera plus ou moins efficace en fonction de chaque caractère. Le premier point à prendre en compte est la capacité à mesurer de façon précise le caractère d’intérêt. Dans le cas du poids d’œuf par exemple, il suffit juste de mesurer le poids de chaque œuf pour obtenir une mesure précise du caractère. Mais dans le cas de la résistance aux maladies, plusieurs questions complexes sont à prendre en compte : comment définir la résistance ? Quelles mesures doivent être réalisées ? Comment réaliser ces mesures ? Une fois les réponses obtenues, il est nécessaire d’étudier la variabilité du caractère. En effet, si tous les individus ont exactement les mêmes performances, il sera compliqué d’espérer réaliser le moindre progrès génétique sur ce caractère, les descendants auront les mêmes performances que leurs parents. Enfin, le dernier point à étudier est l’héritabilité du caractère. Cette héritabilité correspond, au niveau d’une population, à la part de la variabilité des performances qui est d’origine génétique et qui peut être transmise à la génération suivante. Car bien sûr certaines performances ne dépendent pas, ou très peu, des gènes portés par les individus mais plutôt de leur environnement, des conditions d’élevage.
Le choix des caractères à sélectionner est donc essentiel et doit prendre en compte aussi et surtout les attentes des filières et plus généralement les attentes sociétales. La sélection d’animaux avec de bonnes qualités bouchères permet de produire une viande de qualité, et joue un rôle majeur pour améliorer l’efficacité alimentaire des animaux ce qui permet de diminuer les surfaces de céréales cultivées pour l’alimentation animale au profit de l’alimentation humaine.